Dol de Bretagne (35) : reconstruction d’un empoutrement à l’identique

Le logis du tertre Ychot

Pendant des années, chaque fois que je passais devant ce bel endroit, je me disais que j’aimerais bien restaurer cette belle maison. Ce qui arriva.

L’actuel logis du tertre Ychot date du début du 19ème. C’est la dernière grande transformation sur des bases 17è me dont il reste une partie à l’extrémité est. Ce devait être une maison de marins (commandant ou autre officier) ou d’armateur. Une grande ancre de marine était « imprimée » en enduit foncé dans l’enduit clair du pignon ouest.

J’ai restauré deux fermes sur les cinq et remplacé les trois autres.

Après la découverture, nous avons trouvé les entailles de sommiers d’un lanterneau ou campanile disparu depuis longtemps. Les clients n’ont pas souhaité le reconstruire (dommage !).
Dans la partie 19ème, nous avons reconstitué la partie manquante de faîtage, sous-faîtage, croix de St André et potelets. L’ensemble des sablières, de fort équarissage, sont à plat-de -forme, refaites à l’identique avec une moulure à gros congé, très sobre.

La reproduction à l’identique des lucarnes

Les deux lucarnes à tablier et à gerbière furent refaites à l’identique. Elles sont à croupe débordante toutes les trois. La gerbière, elle, a un faîtage de pente. Une frise d’ardoises taillées en écaille, souligne le haut des jouées juste sous l’égout des longs pans.
Ce sont ces quelques détails qui existaient et sont aujourd’hui reproduits, qui par leur « fantaisie », égayent cette grande maison d’aspect un peu austère.

Le remplacement de l’empoutrement

Dans la maison, il a fallu remplacer tout l’empoutrement du second étage dans la partie 17ème.
Là, deux particularités : le maillage des poutres était du type dit « tant plein que vide », c’est-à-dire que le vide entre deux poutres est de la largeur d’une poutre !!! Là-dessus, on peut danser fisel et kost arc’hoat, non, non!!! Avant-deux et rond balancé de Dol.
L’autre particularité est que toutes ces poutres étaient en orme. Malheureusement pourries par les flots de pluie qui se sont déversés sur elles très longtemps.

Le mystère des poutres en orme…

Quelles sont les raisons de ces particularités ? Je ne peux qu’émettre des hypothèses.
Sont-elles pour moi des particularités, alors qu’elles ne sont peut-être que les rares rescapées de pratiques révolues ?
Je ne le crois pas, car nous sommes dans l’arrière-pays d’un haut lieu de la construction navale ( St Malo) , grande consommatrice de bois d’orme pour les quilles des navires ainsi que souvent les virures de fonds. (galbords, ribords et parfois davantage).
Or les poutres du Tertre Ychot étaient de très belle qualité, de bonnes sections et de belles longueurs ; autrement dit, pas des rognes, ni des rossignols.
Il fallait donc quelqu’un d’un peu d’influence et doté de quelque argent pour détourner de leur destination habituelle la quinzaine de poutres nécessaires pour assouvir cette coquetterie d’empoutrement « tant plein que vide » (non justifiée mécaniquement) en orme.

Quoiqu’il en soit, un empoutrement neuf à l’identique a été reconstruit, en chêne.
L’orme ayant disparu de nos contrées, décimé par la graphiose durant les décennies passées.

Les propriétaires, un couple de Britanniques (très fréquentables!), très sympa vit là depuis la fin des travaux. Ils y ont ouvert des gîtes. N’hésitez pas à y aller !